École rurale en Dordogne, prise de vue de celle du village de Sagelat.

Pour que les choses soient biens claires et avant de lire ce compte-rendu, nous sommes farouchement opposés à ce que le prétexte démographique soit utilisé à tort-et-à-travers afin de justifier des fermetures de classes dans le premier degré et des baisses de moyens dans le second degré. Pour rappel, en 20 ans, la France a perdu 7 000 écoles publiques alors même que la population du pays a progressé de 5 millions d’habitants.

Graphique de la baisse continue du nombre d'écoles publiques en France depuis 2005

Nous appelons donc les équipes municipales et les professeurs des écoles de Dordogne à se mobiliser de façon systématique contre la femeture de leur école.

Nous appelons également les collègues du secondaire à voter systématiquement contre toute baisse de dotation horaire dans les CA de leurs établissements.

Il n’est pas tolérable que la baisse des effectifs d’élèves justifie une contraction des conditions de travail, déjà dégradées. 

Compte-rendu du GT du 25/06/2025 

Présentation du projet prospective du Plan France Ruralités 

Comme le prévoit l’un des axes du Plan France Ruralités, il a été installé un observatoire départemental des dynamiques rurales. Cet observatoire a décidé de mettre en place une formation-action intitulée « Construire une vision commune de l’école rurale de demain en Dordogne » qui s’est déroulé de juillet 2024 à mai 2025. L’état de réflexion de ce projet a été présenté par Mme Nathalie Malabre, notre IA-DASEN, le mercredi 25 juin 2025 aux organisations syndicales. A noter que ce projet est à mettre en parallèle avec le nouveau projet académique qui présentera notamment un axe sur la ruralité.

Le cadre national : le protocole d’accord et le rapport sénatorial

Deux documents sont à mettre en lien avec ce compte rendu. Tout d’abord l¡e protocole d’accord signé en avril 2025 par notre Ministre de l’Education Nationale, Mme Elisabeth Borne, la Ministre du sport, Mme Marie Barsacq, et le Président de l’Association des Maires de France, M. David Lisnard. Le premier point de cet accord concerne directement la carte scolaire et la territorialisation de l’Ecole publique. Ensuite, le dernier rapport du Sénat, déposé le 18 juin 2025. Ce rapport pose la question du maillage scolaire pour la France de demain, face à la baisse démographique. Il fait mention de 6 recommandations dont la commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport estime nécessaires. Ces recommandations visent « à définir de manière concertée une politique stratégique éducative territoriale et à en tirer les conséquences tant dans l’accompagnement des enseignants que sur un volet bâtimentaire ».

La situation démographique de l’académie de Bordeaux et de la Dordogne

Les projections démographiques de l’INSEE tablent sur une poursuite de la baisse du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école primaire au moins jusqu’en 2032 voire 2040 selon les scénarios. « La baisse du nombre d’élèves de maternelle et d’élémentaire va s’accentuer ces prochaines années. Pour les collèges, la rentrée 2024 marque un tournant : pour la première fois, les effectifs diminuent. Certains collèges, notamment ceux aux plus petits effectifs, seront fragilisés. D’ici 4 ans, ce seront les lycées qui seront concernés ».

D’ici 10 ans, les projections prévoient 45 000 élèves en moins, premiers et seconds degrés confondus, pour l’académie de Bordeaux. En ce qui concerne la Dordogne, les prévisions ne sont pas favorables avec une perte moyenne de 500 élèves par an jusqu’en 2032 soit une baisse de 4000 à 5000 élèves supplémentaires sur la période 2025-2032. Depuis 2011, la Dordogne a déjà perdu plus de 5000 élèves. Cette importante baisse d’effectif pose donc la question de la territorialisation de l’Ecole publique.

Les menaces qui pèsent sur le premier degré en Dordogne

Mme l’IA-DASEN nous rappelle son point de vue : la présence d’une école dans chaque village ne serait pas forcément bénéfique. L’idée, au niveau national et pas seulement académique, serait de mieux former les enseignants sur le travail en multi-niveaux. La priorité est l’intérêt de l’enfant.

Le projet de prospective, qui s’est déroulé rappelons-le de juillet 2024 à mai 2025, a eu pour but la rédaction d’un texte par Mme l’IA-DASEN sur l’école rurale idéale. Ce texte, qui nécessite encore d’être peaufiné, sera publié par la DSDEN.

En septembre débutera une nouvelle phase de ce projet sur l’école rurale. Un test grandeur nature sera en effet réalisé dans le Nontronnais. Une première réunion aura lieu avec les élus et les directeurs/directrices d’écoles dès la rentrée. Mme l’IA-DASEN précise qu’il ne s’agit pas ici d’ajouter une charge de travail aux personnels de direction d’école. La démarche consiste davantage dans une demande d’avis et un souci de transparence.

Sur le temps long, soit environ une dizaine d’année, le territoire éducatif va devoir être repensé et réaménagé. Pour cela, il y a avant tout une nécessité d’établir un état des lieux des écoles. Il faut alors prendre en compte la baisse démographique bien entendu, mais aussi les problèmes de bâtiments ainsi que les problèmes de transports. Si tout se passe bien dans un établissement, il n’y a pas de nécessité de changement. Mme l’IA-DASEN rappelle en outre la nécessité d’avancer avec les enseignants.

Suite au protocole d’accord signé par la Ministre et le Président de l’AMF, la carte scolaire devra être travaillée de façon pluriannuelle, en proposant un état des fermetures à 3 ans. Un rétroplanning sera établi sur plusieurs années pour le plan ruralité. À noter qu’une pause aura lieu pour les élections municipales qui auront lieu en 2026.

Les menaces qui pèsent sur le second degré en Dordogne

Les baisses d’effectifs impactent désormais aussi les établissements du secondaire. Certains collèges, notamment ceux aux plus petits effectifs, vont être fragilisés. Les fermetures pourraient alors ne plus seulement concerner les écoles primaires. Dans les années à venir, la question de la fermeture d’un collège risque de se poser. Ceci étant, certains établissements ne pourront être concernés. En effet, leur fermeture entrainerait une désertification de la zone rurale (exemple du collège de Mareuil). Les baisses d’effectifs sont déjà bien visibles sur certains collèges, notamment à Laure Gatet – 38 places vacantes en 6ème à la rentrée 2025 – ou à Clos Chassaing – 30 places vacantes en 6ème à la rentrée.

Mme l’IA-DASEN rappelle qu’une fermeture entraine toujours une déstabilisation des équipes. Pour le moment, il ne se passera rien, mais cela entraine inévitablement un déséquilibre dans les moyens alloués. Pour la rentrée 2025, 3 fermetures de classes étaient prévues à Laure Gatet. Pour éviter un impact trop important sur les équipes, une classe a été préservée – 2 classes seront donc fermées pour la rentrée. En contrepartie, une fermeture a eu lieu sur Bergerac, créant de fait une tension au niveau des effectifs.

Informations complémentaires données lors du GT

Pour finir, Mme l’IA-DASEN nous informe de la création d’un pôle climat scolaire à la DSDEN, géré par Vincent Navarro et Stéphane Durand. Il y aura aussi désormais un CPD – Conseiller Pédagogique Départemental – dédié à la Vie Scolaire. Celui-ci aura pour mission un travail de prévention ainsi qu’un traitement des urgences.

En 2027-2028, les PAS – Pôles d’Appui à la Scolarité – ont pour projet d’être généralisés. Cela représente une création d’environ 5 postes par an – personnes ressources pour la gestion des différents PAS. Il s’agira de professeurs des écoles, ayant de préférence une formation école inclusive (CAPPEI). Pour rappel, à terme, 16 PAS devraient être créés en Dordogne.

FIN

 

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